Et voilà on y est : le jus, où plutôt le vin de la première cuve de rouge (un Marsannay) s’écoule dans la main du pressoir ; il est rouge vif et on y devine déjà des odeurs acidulées de griotte ou de framboise.

Magnifique millésime qui en ferait presque oublier les tourments de l’année écoulée.

Le gel précoce était de mauvais augure, puis cette pousse très active qui nous a fait courir, cette pluie et encore cette pluie, incessante durant tout le printemps et une partie de l’été ! Nous avons livré une véritable bataille contre les maladies, avec un seul objectif : « produire propre ».

Puis Dame Nature a capitulé, elle a cessé de nous tourmenter et nous avons gagné. Plus d’un mois de beau temps a pansé les plaies, oui nous avons gagné, mais à quel prix ? 50% de la récolte perdue, mais tant pis, il reste les 50 autres !

Finalement, grâce à beaucoup de rigueur, un tri impitoyable, ce Millésime s’est construit, comme on construit une cathédrale. Jour après jour, au fur et à mesure de la fermentation, on y a vu s’installer l’embase, puis les murs, puis les colonnes et finalement la clé de voûte du Millésime. Ses tanins sucrés qui font penser aux plus grands millésimes de la fin du 20^ème Siècle.

Un millésime Bourguignon qui nous fera oublier quelque peu nos dernières années chaudes.

Le résultat est là certes, il y a encore du travail, mais c’est avec une grande satisfaction que nous regardons se serrer la vis du pressoir en repensant à cette année si difficile.

Ghislain KOHUT